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La responsabilité du psy : quand la beauté de l'engagement côtoie la lourdeur

9/2/2019

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Le retour des vacances estivales est un contexte tout indiqué pour aborder le sens de la responsabilité qui accompagne notre travail.  Quand vient le temps de partir, ne serait-ce que quelques semaines en congé, la question n’est pas de se demander si on a le droit de penser à soi et de prendre des vacances (bien sûr que oui et c’est même absolument nécessaire de le faire, tant pour nous que pour nos clients!), mais bien de nous pencher sur les enjeux et réalités vécues à travers ces distances plus ou moins confortables.


En terme de législation, l’article 43 de notre code déontologique nous informe que :
« Le psychologue fait preuve de disponibilité et de diligence à l’égard de son client. S’il ne peut répondre à la demande dans un délai qui ne risque pas d’être préjudiciable au client, il l’avise du moment où il sera disponible. Dans le cas où la situation risque de porter préjudice au client, il le réfère à une ressource appropriée. »
L’article 23, lui, stipule que :
« Le psychologue subordonne son intérêt personnel ou, le cas échéant, celui de son employeur ou de ses collègues de travail à l’intérêt de ses clients. »
(pour consulter le code de déontologie : http://legisquebec.gouv.qc.ca/fr/ShowDoc/cr/C-26,%20r.%20212/)


On peut donc en conclure que nous avons la responsabilité dans la relation à nos clients de voir à leurs intérêts avant les nôtres, de nous rendre disponible et présent lorsque nécessaire ou de prévoir une ressource autre (un collègue, un centre de crise, etc.) si cela nous est impossible.  Cette responsabilité fait partie de l’engagement que nous faisons en choisissant cette profession et elle est toute indiquée.  Ce serait préjudiciable et inconcevable de choisir d’accompagner l’autre qui souffre et de l’abandonner en chemin, seul à lui-même.  Nous voulons donc prioriser la question suivante, quand arrivent des changements dans notre pratique ou quand nous prenons des vacances : « De quoi mon client a-t-il besoin? »  Notre engagement nous amènera à y réfléchir et sûrement à l’aborder avec lui.


Par ailleurs, cette législation ne parle pas de la présence et de la disponibilité émotionnelle du thérapeute nécessairement, et on le comprend, ce n’est pas son intention ni son rôle.  Il n’en demeure pas moins que c’est sur cette disponibilité émotionnelle que s’appuie notre disponibilité physique, nos actions et services professionnels.  Elle en est la base.


Et, cette base fluctue en solidité et stabilité parfois.  Elle est bien souvent en construction au moment de notre formation, elle est en transformation tout au long de notre carrière, au fil des expériences personnelles et professionnelles que nous faisons et vivons. Elle subit parfois des coups plus durs que d’autres et se redéfinit plus solidement pour celui qui ose s’aventurer dans les chemins sinueux de la souffrance et de sa régulation.


Un petit retour dans le temps…


Au début de ma pratique, quand je travaillais avec des clients au prise avec des troubles anxieux, dans l’urgence de se départir de leurs symptômes, je me trouvais souvent à sentir l’espace thérapeutique restreint, mon rôle investi comme celui du sauveur de qui on peut être dépendant.  Inutile de dire que quelques mois ont suffi pour me sentir étouffée dans mon rôle de psychologue, mais remettre en question ce sentiment d’étouffement m’assiégeait de culpabilité.  Mon sens de responsabilité était lourd à porter.  Et j’avais parfois du mal à comprendre les enjeux relationnels et blessures que portaient alors mes clients, sous leur anxiété, et donc leurs besoins qui se transféraient dans l’espace thérapeutique.  Je m’y sentais coincée, pensant parfois que je devais y répondre directement (je faisais des boulimies de lectures et j’allais chercher les outils et techniques nécessaires avec une pression de performance intenable), pensant parfois que je ne devais pas y répondre (« je dois rétablir le cadre ») et je pouvais devenir confuse dans mon rôle de thérapeute avec ces clients précis et leurs souffrances particulières.


Les thérapeutes d’expérience ne semblent pas vivre ce sens de responsabilité de la même façon.  Pourquoi? Quand on débute et qu’on est jeune en plus, nos besoins de reconnaissance et nos ambitions ne sont pas les mêmes. Et la responsabilité qu’on apprend à prendre dans notre travail peut paraître plus lourde, parce que nous sommes alimentés par une quête plus individuelle ou personnelle disons.  Au fur et à mesure qu’on réalise des choses et atteint un sentiment de compétence dans ce qu’on fait, cette quête s’assouvit et on en vient à sentir l’importance de notre travail, avec plus d’humilité.  Nous sommes de bien petites choses qui peuvent toutefois avoir une grande importance dans la vie des gens.  Le sens de responsabilité devient alors moins effrayant, à mesure que s’intègrent en soi le sentiment de notre propre importance et compétence.


C’est à ce moment que l’on s’éloigne de notre quête individuelle « narcissique » et que l’on voit notre travail dans son importance au plan relationnel, voire spirituel.


Pour m’en sortir, il ne s’agissait pas de tolérer de manière résignée ce sentiment de lourdeur dans la responsabilité que le travail représentait pour moi, mais je dois dire qu’il m’a fallu tolérer ce sentiment avec espoir qu’il finirait par être moins lourd avec le temps…


Puis sont arrivées d’autres grandes responsabilités, que ce soit les enfants, prendre soin d’un être qui vieillit ou qui est malade, accompagner les gens dans des épreuves… Et cela a fait acquérir la maturité nécessaire pour apprendre à mieux gérer ce sentiment de responsabilité et l’accueillir comme un engagement beau et émouvant.


Culpabilité, quand tu nous tiens!


Et donc, revenons à la disponibilité émotionnelle… Il arrive que celui qui accompagne ait les jambes fatiguées, ou qu’il souffre lui aussi par moments.  Bien sûr que l’établissement d’un cadre aux services rendus contribue grandement à prévenir la fatigue et éviter des dérapages sous formes « d’agis » dans la relation thérapeutique (à cet effet, vous pouvez lire l’article de Denis Houde publié dans le Psychologie Québec de juin 2017 : https://www.ordrepsy.qc.ca/-/devoirs-et-obligations-vis-a-vis-d-un-client-difficile).


Or, c’est souvent dans ces « mises à l’épreuve » du cadre que se trouvent aussi les possibles de la transformation de l’expérience et du changement… Les thérapeutes qui travaillent avec des gens au prise avec divers enjeux de la personnalité et troubles de l’attachement le vivent constamment.  Ça demande donc une solidité affective et émotive, de la sensibilité et du doigté pour intervenir de manière à faire évoluer ces négociations de la « bonne distance » ou de la « bonne proximité » vers la construction de cet espace entre soi et l’autre qui nous relie plus qu’il nous distance… vers plus de sécurité.  Ça ne se fait pas du jour au lendemain… Et donc il peut arriver des moments de fatigue, d’épuisement, ou tout simplement des éléments dans la vie privée du thérapeute qui viennent jouer dans cette disponibilité à l’autre.  Il aura alors la responsabilité de bien prendre soin de lui pour être en mesure de reprendre le chemin ou peut-être pour s’admettre avec humilité qu’une autre personne est mieux indiquée pour faire la route avec son client.


On peut visualiser la disponibilité émotionnelle comme pouvant être fluctuante, comme sur un continuum allant de « moins de disponibilité » à « plus de disponibilité ».  Par contre, notre engagement et notre responsabilité professionnelle ne peuvent, eux, être fluctuants et c’est là que notre rôle de thérapeute et la rigueur que cela implique peuvent paraître incompatibles avec notre propre santé ou nos besoins fondamentaux parfois.  La culpabilité peut alors venir se pointer le bout du nez.  Nous ne sommes pas des super-héros et ne pouvons utiliser l’adage « De grands pouvoirs viennent avec de grandes responsabilités » (merci Spiderman)! Même si cette phrase peut résonner pour plus d’un qui a la capacité d’aider son prochain et qui constate le statut que nous apporte notre profession, nos privilèges, nos pouvoirs d’impacts, etc.


La responsabilité comme un dictat sans humanité amène la culpabilité et la honte.  Ça se ressent comme une lourdeur et la tentation est alors forte de vouloir la chasser, l’éviter.  On peut alors glisser sur la pente du dévouement malsain ou de la fermeture rigide à l’autre (voir autre billet de blogue de juin 2019 sur l’accommodation pathologique).  Elle fait alors de l’ombre à cette question toute simple, importante, libératrice et « restauratrice » : « De quoi ai-je besoin, moi ? »


Il ne fait aucun doute que nous devons prioriser les besoins du client et qu’il soit aussi hors de question que nous ayons l’attente que nos besoins soient répondus dans les relations professionnelles que nous développons avec eux.  Par contre, il arrive parfois que nous devions nous attarder, en nous-mêmes ou en supervision, à cette question comme prélude essentiel nous permettant ensuite de réfléchir aux besoins et à l’expérience du client en lien avec nous.  Nous retrouvons alors nos capacités à intervenir de manière bénéfique et responsable.  Et c’est là toute la beauté de notre engagement envers nos semblables.


Bonne rentrée à tous, et prenez soin de vous!


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    Auteurs

    collaboration spéciale
    Jean-Pierre Marceau,
    psychologue clinicien

    Marie Noël,
    ​psychologue clinicienne 

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