• Accueil
  • Activités passées
  • Équipe
  • Contact
ESPACE INTÉGRATIF
  • Accueil
  • Activités passées
  • Équipe
  • Contact

Le transfert en début de pratique

4/16/2019

0 Commentaires

 
Les journaux de psychologie psychodynamiques et de psychanalyse décrivent des histoires de cas et des illustrations cliniques où clients (patients) transfèrent enjeux et besoins affectifs de l’enfance sur la personne du thérapeute.  On y lit comment le transfert a été interprété, ce qui en a été fait et le succès dans la transformation des enjeux relationnels du client (patient) qui s’en est découlé.  Dans le modèle de la Psychologie du soi et de l’intersubjectivité, une remarque ou commentaire, une intervention, un comportement, ébranle l’alliance thérapeutique et devient l’occasion de comprendre davantage ce système relationnel dans lequel client (patient) et thérapeute évoluent.  Et, dans le meilleur des scénarios, ça devient l’occasion du changement et de la transformation.


En début de pratique, j’attendais ces moments du processus thérapeutique et me demandais pourquoi ça ne se passait pas.  Peut-être n’étais-je pas une bonne thérapeute ?  Peut-être tous ces clients « qui ne transfèrent pas » sont-ils tous sécures et comblés?  Les questions que je me posais étaient multiples : qu’est-ce que je ne fais pas pour « faire émerger » le transfert?  Ou qu’est-ce que je fais qui ne fait pas émerger le transfert?  Et qu’est-ce qu’il faut pour faire émerger le transfert?  Quels ingrédients font partie de la recette d’une thérapie complète?


Et je pensais à mon propre processus thérapeutique. Que s’était-il passé avec « mon transfert »?  Tant de complexité que je ne peux parvenir à expliquer en quelques lignes, sinon que de dire que non seulement ça prend certaines conditions pour faire émerger le transfert, ça prend aussi des conditions pour en faire quelque chose de thérapeutique et sortir de la simple répétition/reproduction des enjeux.


Tous les clients ressentent une expérience en lien avec leur thérapeute.  Ne rien ressentir à l’égard de son thérapeute est quasi-impossible et si ça se produit, c’est tout une expérience transférentielle en soi! Et, même si le transfert est positif et sous-tend, en fond, le développement du client(patient), ça peut être un terreau d’exploration tout aussi fertile pour des changements profonds que le transfert négatif… Autrement dit, peut-être ne faut-il pas toujours attendre que le transfert soit « en figure » pour s’y intéresser.


Écartons les situations cliniques où le transfert émerge parce qu’il n’a pas le choix d’émerger (on pense aux clients avec des traumas complexes, des expériences d’attachement très problématiques, etc.).  Pour comprendre l’émergence (ou non) du transfert, il faut se placer dans la position du client.  Qu’est-ce qui fait qu’on va se risquer, comme client, à aborder cette expérience de notre thérapeute avec lui?  Et qu’est-ce qui fait qu’on ne le fera pas, ou qu’on y portera peu d’attention? Ou, qu’on ne saura pas que cette expérience peut s’avérer pertinente pour le processus de thérapie?


Poser les questions, c’est un peu y répondre.  D’abord, on peut penser en termes concrets et logiques.  Le thérapeute, en expliquant le cadre et le déroulement d’une thérapie à son client (patient), fournit l’occasion à son client (patient) de porter attention aux variables relationnelles, à son expérience du thérapeute et aide le client (patient) à se permettre à en parler en séance.  Ainsi, comme thérapeute, on a un rôle à jouer d’emblée pour favoriser l’émergence du transfert, mais aussi pour en favoriser son expression ou son élaboration par la parole et le dialogue.


Mais il y a plus que ça.  Il y a notre confort comme thérapeute à accueillir cette expérience que fait le client de nous.  Et j’ajouterais, le confort avec la proximité dans le lien ainsi que le confort avec la distance dans le lien…  En effet, parler des aspects relationnels avec les clients peut accentuer le sentiment de proximité avec l’autre ou, à l’inverse, de distance.  Ainsi, chez les thérapeutes qui ont une histoire d’abus ou d’accommodation pathologique (Brandchaft, 2007) ou une histoire de rejet, d’abandon, on peut imaginer le défi devant soi à réguler les émotions de ces blessures et développer plus de confort au plan de la relation à leurs clients (patients).  Ce confort va donc aussi interagir avec le sentiment de sécurité que le client peut ressentir d’aborder ces questions avec nous.  Un client qui sent, implicitement ou consciemment, cet inconfort de notre part va probablement se restreindre de communiquer, et même de ressentir ce qu’il pourrait ressentir à notre contact.


En début de pratique, mon inconfort était plus grand à faire de l’espace à ces enjeux, à cause de mon histoire, mais aussi tout simplement parce que mon sentiment de compétence était en construction.  De plus, les connaissances et les expériences de vie manquaient pour savoir quoi faire du transfert de certains clients, pour que ça donne quelque chose de thérapeutique vraiment.  Parce qu’après le confort à « recevoir » le transfert, il y a aussi les habiletés de communication et du savoir-faire à développer…


Ce qui rassure, c’est que ces compétences et ce sentiment de compétence se développent et grandissent au fur et à mesure qu’on prend de l’expérience, qu’on vit des processus de thérapie, certains plus concluants que d’autres… qu’on va en supervision et qu’on réfléchit sur ceux qui « boitent », qui ont été moins concluants et sur nos échecs.  Parce que oui, ça prend parfois des moins bons coups et des échecs pour voir ce qu’on ne pouvait pas voir autrement et apprendre, en autant que l’on ne les banalise pas ni ne s’en culpabilise trop.  C’est là que la réflexion « tasse » nos blessures d’ego, nous aide à nous « rencontrer nous-mêmes et stimule l’apprentissage et le développement.  On prend alors de l’assurance et le savoir devient savoir-être et savoir-faire, notre sécurité grandit et notre confiance dans le travail que l’on fait aussi.


Et là, tiens donc, un client se permet de nous dire « j’ai rêvé à vous cette semaine » ou « j’étais fâché quand je suis sorti la dernière fois » ! … C’est là que commence le voyage!


Référence :


1.    Brandchaft, B. (2007). Systems of Pathological Accommodation and Change in Analysis. Psychoanal. Psychol., 24:667-687.
0 Commentaires



Laisser un réponse.

    Auteurs

    collaboration spéciale
    Jean-Pierre Marceau,
    psychologue clinicien

    Marie Noël,
    ​psychologue clinicienne 

    Archives

    Juin 2022
    Août 2021
    Juin 2021
    Avril 2021
    Février 2021
    Janvier 2021
    Décembre 2020
    Novembre 2020
    Octobre 2020
    Septembre 2020
    Mai 2020
    Avril 2020
    Février 2020
    Janvier 2020
    Décembre 2019
    Novembre 2019
    Octobre 2019
    Septembre 2019
    Juin 2019
    Avril 2019
    Mars 2019
    Février 2019
    Janvier 2019


Email

espaceintegratif@gmail.com
  • Accueil
  • Activités passées
  • Équipe
  • Contact