Les recherches de la dernière décennie sur l’efficacité thérapeutique commencent enfin à s’intéresser à un élément central du changement en thérapie, c’est-à-dire la personne du thérapeute. C’est lui qui offre les soins et services et c’est logique de penser que se trouvent en lui les caractéristiques qui aideront à créer et maintenir une alliance de travail avec son client (ou patient) et qui contribueront, avec la motivation et les caractéristiques du client (patient), au changement et à la transformation (Imel et Wampold, 2015). Chaque pairage thérapeute-patient est unique et il en va de même de penser que l’efficacité d’une thérapie dépendra de la capacité du thérapeute à s’adapter aux besoins et caractéristiques de son patient pour créer une thérapie nouvelle à chaque fois (Norcross et Wampold, 2018).
On peut imaginer le thérapeute comme une caisse de résonance à l’expérience (et aux ressources) du client qui cherche une voie vers le mieux-être. Loin d’être un instrument que l’on peut utiliser à sa guise, le thérapeute a sa couleur, sa personnalité, son vécu, son expérience subjective et les outils qu’il a développés tout au long de sa formation et de son expérience professionnelle. Ces caractéristiques du thérapeute influenceront sa disponibilité émotionnelle et sa capacité à « résonner » à son client, de manière générale, mais aussi moments par moments, quand il intervient en thérapie. On dira avec plus de conviction maintenant que la personne du thérapeute est un élément-clé dans le changement en thérapie, après des décennies d’études empiriques sur l’efficacité thérapeutique. Aussi, on a démontré que le thérapeute efficace est celui qui se vit lui-même en évolution (Duncan, 2010). Le thérapeute qui incarne cette posture de sagesse de celui qui sait mais ne sait pas tout, qui continue d’apprendre avec curiosité, envisage le processus thérapeutique avec chacun de ses clients (patients) comme une nouvelle démarche scientifique rigoureuse qui l’amènera à découvrir et s’intéresser à d’autres univers et perspectives de développement et d’évolution. Or, très peu d’outils existent pour nourrir et accompagner (et surtout rassurer) les thérapeutes dans cette quête et dans leur travail, surtout en début de pratique. Naviguer entre nos connaissances, nos savoirs et nos savoirs-faire et l’esprit de découverte et de tolérance à l’incertitude que présente chaque nouveau client (patient), demande une confiance et une solidité au plan du savoir-être, aptitude et attitude qui sont loin d’être faciles à acquérir en début de pratique surtout. Outre la thérapie personnelle, la supervision, l’échange avec les pairs/collègues, il existe peu de lectures en français qui sortent parfois du théorique/conceptuel et se penche sur ce développement expérientiel du thérapeute tout au long de sa carrière. Cette section du blogue se veut un soutien au développement du thérapeute, surtout le jeune thérapeute en début de pratique. J’y partagerai mensuellement mes réflexions et mes intérêts, donnerai certaines références à ce qui m’aide personnellement dans mon travail, au plan humain, pour affronter le travail difficile que l’on fait et soutenir la beauté dans cet engagement que les thérapeutes prennent envers l’autre souffrant. Vos « résonances » et commentaires sont les bienvenus! Bonne lecture! Références (en ordre dans le texte) : 1. Wampold, B., Imel, Z. (2015). The Great Psychotherapy Debate: The Evidence for What Makes Psychotherapy Work, Routledge. 2. Norcross, J., Wampold, B. (2018). A new A new therapy for each patient: Evidence‐based relationships and responsiveness, Wiley. 3. Duncan, B. (2010). On becoming a better therapist. Psychotherapy in Australia. Vol. 16, no 4, 42-51.
0 Commentaires
Laisser un réponse. |
Auteurscollaboration spéciale Archives
Juin 2022
|